Christian Bühlmann (2014) « Vers l’armée de marché ? La pensée stratégique au défi de l’approche gestionnaire » in Stratégique n°107, 2014 – Regards croisés franco-suisses, Paris: Institut de Stratégie et des Conflits – Commission Française d’Histoire Militaire – Ecole militaire, pp. 73 – 87.
Cet article analyse l’impact de l’agenda néolibéral sur les armées, en particulier l’armée suisse, sur la base du cadre de « l’armée de marché », proposé par le sociologue israélien Yagil Levy. Celui-ci souligne la subordination de la stratégie au marché, une organisation postfordiste et le mimétisme de la culture gestionnaire par les forces armées. L’armée suisse contemporaine se rapproche de l’armée de marché, à l’exception de sa structure organisationnelle, qui reste traditionnelle. L’auteur met en avant le risque que la culture stratégique militaire soit remplacée par des paradigmes managériaux, avec, notamment, le risque de ne plus comprendre la pensée singulière des adversaires. En conclusion, alors que la contrainte et le non-respect des normes des relations internationales apparaissent à nouveau sur le continent européen, l’auteur constate une tendance au développement « non pas de l’armée de nos besoins, mais de l’armée de nos moyens. »
This article analyses the impact of the neoliberal agenda on armed forces, with a focus on the Swiss Army. It is based on “the Market Army”, a framework developed by Israeli sociologist Yagil Levy, who underscores the subjection of strategy to the market, a post-fordist organization as well as the mimesis of the management’s culture by the armed forces. The contemporary Swiss Army is clearly moving towards a Market Army, except in its organization, which remains time-honored. The author stresses the risk that managerial paradigms may replace the traditional strategic culture, impeding the perception of the estranged thinking of adversaries. As violations of international norms and coercion resurface in Europe, the author perceives a tendency towards the development of armed forces typified by the state’s resources instead of their needs.