Par Christian Bühlmann et Michael Freudweiler
Pour Clausewitz, « La guerre n’est qu’un prolongement de la politique par d’autres moyens », c’est-à-dire que la conflictualité est un acte de pouvoir qui requiert une direction politique du militaire. Pourtant, dans les États occidentaux contemporains, la dichotomie entre ces deux échelons met à mal cette unité d’action. Cette brève contribution décrit succinctement la réponse suisse à cet état de fait : l’état-major militaire stratégique (EMMS) du chef de l’Armée (CdA). On présentera succinctement la problématique de la conduite militaire dans une démocratie, d’où découle l’exigence d’un état-major à l’interface entre le chef de l’Armée et la conduite politique. On décrira ensuite les tâches et l’organisation de l’EMMS ainsi que ses produits. Ceux-ci permettent d’une part d’informer l’échelon politique et d’autre part, de déterminer le cadre des travaux des subordonnés directs du CdA. En conclusion on soulignera l’importance d’un état-major de milice au niveau stratégique.
En conclusion, on rappellera que l’EMMS, comme état-major du chef de l’Armée, contribue aux trois dimensions de la politique de défense : l’emploi des forces à court terme, l’adaptation des forces à moyen terme ainsi que les mutations de l’armée à long terme. Il permet d’une part au CdA d’assurer l’engagement de l’armée en tant qu’instrument de politique de sécurité, de concert avec les autres vecteurs de force étatiques, afin de remplir les buts stratégiques définis par les instances politiques. D’autre part, l’EMMS, en proposant des options d’engagement, d’ajustement ou de transformation de l’armée, contribue à la prise de décision gouvernementale.
Interprète politique des propositions opératives, traducteur militaire des directives de l’exécutif, l’état-major militaire-stratégique crée les conditions favorables pour aligner les opérations militaires ou la transformation de l’armée avec les objectifs politique. Le rôle des militaires de milice dans l’adéquation des actions de l’armée avec les buts stratégiques de la Confédération doit être souligné : il démontre une fois de plus la plus-value du service des citoyens-soldats, leur contribution à la sécurité de notre pays et ce jusqu’au sommet de l’organisation militaire.