Mardi 12 septembre 2023, j’ai soutenu avec succès ma thèse de doctorat en vue de l’obtention du titre de docteur en science politique de l’Université de Lausanne. Devant une audience nombreuse et de qualité, j’ai présenté quelques enseignements de ma thèse, puis j’ai répondu aux questions du jury: le professeur émérite Rudolf Jaun, de l’Université de Zürich, la Professeure Karin Ingold, de l’Université de Berne, le Professeur Stéphane Nahrath, de l’Université de Lausanne, ainsi que mon directeur de thèse, le Professeur Ioannis Papadopoulos. Le professeur Francesco Panese a dirigé la soutenance avec doigté.

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The interrogator is Timothy N.Ogden, here is one bit from Deaton:Something I read the other day that I didn’t know, David Greenberg and Mark Shroder, who have a book, The Digest of Social Experiments, claim that 75 percent of the experiments they looked at in 1999, of which there were hundreds, is an experiment done by rich people on poor people.Since then, there have been many more experiments, relatively, launched in the developing world, so that percentage can only have gotten worse. I find that very troubling.If the implicit theory of policy change underlying RCTs is paternalism, which is what I fear, I’m very much against it.The conversation is interesting throughout. Tim indicates:This is a chapter from the forthcoming book Experimental Conversations, to be published by MIT Press in 2016.The book collects interviews with academic and policy leaders on the use of randomized evaluations and field experiments in development economics.To be notified when the book is released, please sign up here.The book will contain an interview with me as well.

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Opération_Sangaris_7

Lors du séminaire du Laboratoire de recherche sur la défense (LRD) de l’IFRI sur Sangaris et EUFOR/RCA du 21 septembre 2015 le colonel TESTART a présenté une analyse originale sur la retenue dans l’usage de la force, basée sur son expérience comme commandant du GTIA Picardie.Avec son autorisation, nous publions ici en 3 posts cette réflexion qui peut être mobilisée pour d’autres opérations de l’armée de Terre.Voici le deuxième de ces posts.Cette idée de retenue correspond bien à nos engagements actuels et à nos nouvelles règles d’engagement.S’il ne faut pas inhiber l’emploi de la force, son encadrement est en revanche logique.J’observe que la France a su progressivement, depuis les années 90, s’armer juridiquement et dans l’esprit pour éviter d’avoir à engager de nouveau ses hommes dans des opérations qui n’en sont pas vraiment.Nous avons vu en effet apparaître, dans les années 2000, l’autorisation d’employer la force pour l’accomplissement de la mission sur décision du chef tactique local, ce qui était un changement important après l’épisode onusien des Balkans.L’Afghanistan a probablement poussé à approfondir le contenu des règles d’engagement (ROE), mouvement bénéfique, mais peut-être alors trop influencé par le monde anglo-saxon.Avec les récentes opérations franco-françaises, la cadre juridique semble avoir gagné en liberté et en maturité.J’ai été personnellement étonné en préparant ma mission en RCA de l’évolution positive de nos ROE qui forment aujourd’hui un cadre applicable et de qualité, suffisamment restrictif pour éviter les erreurs importantes et suffisamment permissif pour maintenir la liberté d’action du chef.Le rôle du chef vis-à-vis de ses hommes, face aux règles d’engagement, est selon moi très psychologique :il s’agit de les positiver et de les faire accepter par tous comme des outils applicables, que l’on peut adapter ou faire évoluer, mais avec lesquelles il ne faut pas jouer.Une troupe qui sera parvenue à visualiser son espace de légitimité dans le respect des règles internationales et des ROE deviendra pertinente.Mais pour être pertinent et performant, il s’agit essentiellement d’une question de formation, avec l’idée que former, c’est instruire et éduquer.Instruire c’est avant tout rappeler que le feu et son usage sont l’acte ultime d’une force militaire et qu’à ce titre chacun doit savoir, « techniquement », s’en servir parfaitement.Eduquer, c’est apprendre à chacun à s’en servir à bon escient et avec mesure.J’estime que l’armée française fait cela correctement depuis longtemps, en mettant de l’esprit dans l’instruction.Cela ne la protège pas totalement des erreurs mais, au regard du nombre de nos engagements, elles restent mineures.Je vous assure, pour les avoir vus dans des situations complexes, que les hommes de l’armée de Terre, qui n’ont pour la plupart pas eu la chance de faire des études, sont parfaitement dignes de recevoir cette responsabilité extraordinaire du droit qu’est de décider de la vie ou de la mort, pour peu qu’on ait pris la peine de les instruire et de les éduquer.Un soldat, si on ne l’a pas endoctriné par l’instruction au détriment de l’éducation, ressent que ce n’est pas bien de tuer son prochain, que c’est un mal nécessaire et légitime pour lui et qu’il doit employer ses armes avec mesure.Je pense donc que la réussite dans la forme et surtout dans l’esprit d’un engagement armé se joue plus que jamais avant la mission, lors de la phase de formation.La vraie complexité devient alors de déterminer, parmi toutes les options offertes, quelle est la « plus retenue » dans le cas considéré et face aux adversaires du moment.Ils sont en effet de nature souvent très différente.Je vais vous parler d’eux un instant.J’ai essayé de les catégoriser d’une façon volontairement simpliste, en quatre « paquets » :les adversaires avec lesquels on ne peut pas négocier, les adversaires avec lesquels on peut négocier, les adversaires idéalistes et les adversaires victimes du conflit.Les adversaires avec lesquels on ne peut pas négocier sont souvent des chefs, révélant régulièrement des psychopathies profondes qui s’expriment totalement dans ce type de conflit.Ils se battent rarement directement contre nous mais tirent les ficelles dans la clandestinité, parfois à l’intersection entre politique, militaire et prédation mafieuse.Responsables des exactions et des extorsions les plus abjectes, le plus souvent à l’encontre des populations, ils ne méritent aucune retenue autre que la peur du dommage collatéral.Leur élimination, physique ou sociale, est un impératif, surtout lorsque, comme souvent en Afrique, ils ont la réputation d’être protégés par une forme de magie qui concourt à leur aura.Ils doivent donc faire l’objet d’un effort de renseignement qui doit déboucher sur des actions visant à les déstabiliser.Le procédé premier vise à les mettre en situation d’insécurité financière, psychologique et physique permanente.Les procédés doivent varier à l’envi pour mettre l’asymétrie de notre côté.Une fois mis en mouvement, il y a fort à parier qu’ils commettront l’erreur espérée.C’est ainsi que nous sommes parvenus à neutraliser un des pires chefs anti-balaka qui a fini par se faire arrêter par l’ONU.Les adversaires avec lesquels on peut négocier sont parfois des chefs, plus souvent des suiveurs intéressés, qui se sont laissés prendre par le jeu du conflit.Pour ceux-là, on peut agir de la même manière que pour les premiers, mais en insistant plus sur l’insécurité matérielle et psychologique et en laissant toujours une porte de sortie ouverte.Ainsi, nous avons pu agir contre un des chefs qui contrôlait tout l’acheminement des productions maraichères du sud-ouest du pays en nous emparant, en souplesse et en lien avec l’ONU, de son barrage routier de racket principal.Chassé économiquement de la capitale, se sentant menacé dans la région, il a annoncé vouloir abandonner son activité militaire et prédatrice pour participer au processus politique.Les adversaires idéalistes, qui sont souvent des gens happés par le conflit et qui souhaitent en sortir, doivent simplement être encouragés vers cette voie.Ils doivent cependant aussi être utilisés pour devenir le point d’appui des manœuvres de déstabilisation des autres catégories, car ils sont en général en lien avec eux.Ce sont eux qui font remonter aux adversaires avec lesquels on ne peut négocier que leur situation devient intenable.Le problème vient souvent des adversaires victimes du conflit.Il s’agit de cette masse manipulée que l’on envoie se confronter à nous ;souvent des jeunes désœuvrés que l’on endoctrine ou à qui l’ont paye nourriture, alcool, drogue pour venir nous provoquer, nous pousser à la faute et aussi nous attaquer.Car ceux qui s’y connaissent, les adversaires avec lesquels on ne peut pas négocier notamment, savent qu’attaquer une unité française signifie souvent la mort et préfèrent ne pas s’y frotter eux-mêmes.Ces adversaires victimes, souvent de pauvres gens, sont issus de la population qui nous entoure.Il faut donc les dissuader, d’abord, autant que possible, par règles imposées du type « pas d’armes en ville ».Mais aussi, par une posture et une image irréprochable de la force qui dissuade, casse l’endoctrinement adverse et décrédibilise.Avec ces combattants, plus qu’avec d’autres, la retenue prime si la dissuasion a échoué.

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Highlights • In a content analysis of stories we found that people use the label ‘stupid’ for three separate categories of actions.• The level of observed stupidity was dependent on the level of responsibility and the consequences of the action.• These results bring us closer to understanding the rationalistic norms that people use in monitoring and evaluating behavior.Abstract This paper argues that studying why and when people call certain actions stupid should be the interest of psychological investigations not just because it is a frequent everyday behavior, but also because it is a robust behavioral reflection of the rationalistic expectations to which people adjust their own behavior and expect others to.The relationship of intelligence and intelligent behavior has been the topic of recent debates, yet understanding why we call certain actions stupid irrespective of their cognitive abilities requires the understanding of what people mean when they call an action stupid.To study these questions empirically, we analyzed real-life examples where people called an action stupid.A collection of such stories was categorized by raters along a list of psychological concepts to explore what the causes are that people attribute to the stupid actions observed.We found that people use the label stupid for three separate types of situation:(1) violations of maintaining a balance between confidence and abilities;(2) failures of attention;and (3) lack of control.The level of observed stupidity was always amplified by higher responsibility being attributed to the actor and by the severity of the consequences of the action.These results bring us closer to understanding people’s conception of unintelligent behavior while emphasizing the broader psychological perspectives of studying the attribute of stupid in everyday life.Keywords Stupid;Unintelligent behavior;Implicit theory of stupid action Copyright © 2015 Elsevier Inc.All rights reserved.

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Recensé : Françoise Waquet, L’ordre matériel du savoir,
Comment les savants travaillent, XVIe-XXIe siècles
, Paris, CNRS
Éditions, 2015, 359 p., 25 €.

L’écologie du savoir

Françoise Waquet, directrice de recherche au CNRS, archiviste
paléographe, ancienne élève de l’École des Chartes, a
principalement travaillé sur la sociabilité savante à l’Âge
classique (avec H. Bots, La République des Lettres, Belin,
1997) et sur l’oralité (Parler comme un livre. L’oralité et le
savoir (XVIe-XXe siècles
), Albin Michel, 2003). L’ordre
matériel du savoir prolonge ces perspectives tout en développant
une méthode pour élaborer une autre histoire des savoirs. L’ouvrage
se propose, en effet, d’identifier, de circonscrire et d’ordonner
les conditions matérielles de la science en train de se faire. Il
s’agit de comprendre quels en sont les supports matériels, de
quelles manières le corps est engagé dans l’entreprise épistémique
et enfin quelles sont les pratiques utilisées par les savants.
Cette anthropologie du savoir se décline sous trois
réquisits : inventorier, décrire, analyser, qui structurent
l’ouvrage. L’ordre matériel du savoir est ainsi d’abord saisi comme
un ordre pluriel (première partie) qui permet de prendre la mesure
de la diversité, de l’inventivité et parfois de l’hybridité des
techniques intellectuelles, puis un ordre mixte (deuxième partie)
qui identifie l’intégration de plusieurs techniques au sein de la
dynamique du travail intellectuel en soulignant sa multimédialité
et sa multisensorialité et enfin un ordre raisonné (troisième
partie) qui analyse les discours des praticiens sur l’usage qu’ils
font des techniques mobilisées.

Le point commun avec les ouvrages antérieurs est le projet
d’élucider la face non intellectuelle du savoir et d’en mettre en
évidence la portée épistémique. Les conditions matérielles du
savoir ne sont pas un support anecdotique de l’invention des
théories scientifiques, elles ne sont pas non plus une scène
passive sur laquelle les grands hommes déploient leurs œuvres. En
procédant à une « archéologie des techniques intellectuelles,
du point de vue des usagers » (p. 10), F. Waquet souligne leur
rôle et leur donne une place dans l’histoire intellectuelle.

Le parti-pris méthodologique de cet ouvrage est double :
(1) s’inscrire dans le temps long (XVIe-XXIe siècle) afin
d’identifier des continuités et de discerner, par contraste, de
véritables innovations. Il s’agit aussi de montrer « la
présence concomitante de plusieurs techniques, la coexistence [ou
plutôt l’interaction] des plus récentes avec les plus
archaïques » (p. 13) ; et (2) puiser ses exemples dans
des sciences qui, à première vue, ne répondent pas aux mêmes
régimes de savoir. La géographie et l’anthropologie côtoient en
effet la physique ou la médecine. Ce refus du partage entre
sciences humaines et sciences dites dures permet de voir des
communautés de pratiques invisibles sous le carcan
disciplinaire.

Un ordre pluriel

L’inventaire de la diversité et de la multiplicité des formes de
communication verbale et non verbale (oralités, écritures,
imprimés, images, objets et instruments, produits numériques)
fournit des descriptions visant à « situer l’emploi de cet
outillage dans le travail intellectuel » (p. 32). Des notes
manuscrites du chimiste Pierre Potier aux comptes rendus
d’autopsie, cours ou récits de conversations de Malpighi en passant
par les marginalia ou les écritures éphémères du tableau des
mathématiciens, tout témoigne de la diversité et de l’intrication
des formes d’écriture du monde savant à côté du livre imprimé.
L’imprimé, quant à lui, peut renfermer le corpus documentaire des
archéologues, être un manuel universitaire ou un périodique (du
Journal des Savants en 1665 aux publications
hyperspécialisées de ces dernières années), un tiré à part
d’article ou encore s’apparenter à de la littérature grise (thèses
ou rapports). L’image aussi est un outil de la pensée : les
planches de la Fabrica de Vesale ou le « musée de
papier » de Charles Patin, mais aussi l’introduction de la
photographie en médecine ou les images animées du chirurgien Doyen
témoignent, chacun de manière différente et en recouvrant des
disciplines différentes, de « l’ampleur de l’appareil visuel
mis en œuvre dans le monde du savoir » (p. 49) Parmi les
sources non verbales de la communication du savoir figurent
également les modèles anatomiques (écorchés ou squelettes), les
préparations anatomiques de F. Ruysch, l’arsenal de la physiologie
moderne, les maquettes moléculaires des chimistes ou les moulages
des archéologues. Tous témoignent d’une polyvalence
insistante : ils sont instruments pédagogiques, d’étude ou de
recherche. Si, plus récemment, l’usage répandu de l’ordinateur
facilite l’accès aux données scientifiques et au repérage des
ressources, dans le même temps demeure un « important
analphabétisme informationnel » (Le Coadic).

Cet inventaire qui voit se côtoyer outils pérennes, modernes ou
remplacés exige une enquête génétique et historique afin de
comprendre leur usage (p. 63).

Les critères choisis par F. Waquet pour sélectionner, au sein de
cette vaste masse d’outils, ceux qui font l’objet d’une analyse
raisonnée sont la fréquence de son emploi (qui garantit sa
représentativité) et sa durée. Il s’agit de « saisir les
pratiques des usagers inventant un outil, le conformant et
l’adaptant à leurs nécessités » (p. 65). À cet égard, quatre
outils sont plus spécifiquement analysés : le séminaire, la
fiche, le périodique et l’arbre. L’enjeu est ici d’identifier les
normes sous la diversité des formes. L’histoire du séminaire
commence avec le Seminarium praeceptorum fondé à l’université de
Halle en 1695 et s’impose comme genre académique avec ses règles,
ses différences nationales, ses dispositions matérielles de
distribution de la parole. Cette figure de la « science
parlée » est un lieu de formation pratique, à l’instar de
notre lunch seminar d’aujourd’hui. Les fiches (bandelette, bout de
papier, feuille volante, pliée) deviennent un « système »
(Langlois et Seignobos), utilisé par Bloch ou Febvre et qui
témoigne d’une « technique pratique de production
intellectuelle » (Paul Chavigny). Son emploi devient désormais
un « critère du métier d’historien » (p. 86).

La question passionnante qui suit immédiatement ce constat
(quelle que soit l’école historique, la fiche est adoptée comme
mode d’organisation de la « matière première historique »
et comme outil de pensée) est de comprendre comment – pratiquement
– et sans doute sans mode d’emploi, le métier s’acquiert, d’entrer
dans le secret du processus d’assimilation de savoirs-faire (p.
87). Le périodique, qui se développe avec la spécialisation et
l’institutionnalisation des disciplines et des revues
correspondantes change de fonction avec la numérisation des
articles qui, autonomise les textes de leurs supports et fait de la
revue « une marque de légitimation et un indicateur de
notoriété et d’évaluation » (p. 97). L’étude de l’arbre et des
graphiques travaille les enjeux de la visualisation des données
scientifiques en soulignant leur fonction cognitive et en les
identifiant parfois comme instrument de pensée. F. Waquet souligne
les réticences qu’a suscitées l’usage du graphique, tout en
signalant l’enthousiasme de Marey qui, a contrario, y voyait
« le langage des phénomènes eux-mêmes » et en faisait un
mode d’expression et un moyen de recherche (p. 101). L’arbre
botanique d’Augustin Augier, celui des fièvres de Torti, ou encore
celui des dermatoses d’Alibert, mais aussi le diagramme de Darwin
sont autant d’exemples qui illustrent son emploi fréquent au XIXe
siècle dans les sciences naturelles et les sciences du vivant. Mais
le graphique-arbre ou stemma est aussi un outil important dans la
philologie textuelle car il permet d’établir l’arbre généalogique
des manuscrits.

Dans ces différents usages, la figure ou le graphe peut être
« une mnémonique, un instrument de classement, une mise en
ordre et en évidence suivant une théorie, un outil d’aide au
raisonnement et à la décision, ou tout cela à la fois » (p.
106). La dimension pédagogique du graphe est également présente
comme le souligne la référence à Tufte qui a proposé de formuler
des principes simples d’optimisation afin de garantir une
compétence graphique minimale qui permette de simplifier et de
rendre intelligibles les réalités représentées.

Retracer au long cours les divers usages de ces outils, leurs
variations mais aussi leur place dans des catégories (culture
orale, écrite, de l’image, numérique…) permet de mettre en
évidence un processus de « genrification » qui
s’accompagne d’un apprentissage des usages et d’une maîtrise des
codes. « Ces outils tout matériels qu’ils sont jouent à plein
[…] dans les processus de collecte et de transmission de
l’information, d’élaboration des données, de formalisation des
connaissances » (p. 109). Un dernier outil, ou plutôt
« le premier et le plus naturel instrument de l’homme »
(Mauss) fait l’objet du chapitre 3 intitulé : « le corps,
outil intellectuel ». F. Waquet analyse dans ce chapitre
l’éducation du corps et décrit son dressage dans le monde savant
grâce à l’étude des pratiques et des gestes, ces fameuses mains de
l’intellect (C. Jacob), le « pouvoir producteur du
corps » (O. Sibum). Il s’agit non seulement de souligner la
maîtrise du corps qu’impose une conférence, une présentation au
tableau ou devant un poster, mais aussi de remarquer le corps en
marche du géographe qui quitte son cabinet au XIXe siècle ou de
l’archéologue qui mobilise sa main et son œil certes, mais aussi
l’oreille et le goût (le père Vincent, archéologue de l’école
biblique de Jérusalem, touchait avec la langue les tessons pour
déterminer la qualité de la pâte, le degré de cuisson etc.).

Cette étude ouvre sur une dimension importante du savoir,
rarement analysée : l’impossibilité de communiquer (par écrit
ou oralement) un tel savoir pratique. Comment éduquer le regard de
l’archéologue ou du géographe ? Comment le doigt du médecin
devient-il exercé dans la palpation ? Comment son oreille
donne-t-elle du sens aux techniques de percussion dont il use (cf.
les travaux de Grancher au XIXe sur l’éducation du tact et de
l’ouïe) ? L’enjeu est ici celui de l’existence d’un savoir
tacite (Polanyi) ou implicite qui s’acquiert par l’observation et
l’expérience répétée et permet une incomparable aptitude
interprétative. Cette éducation auditive et visuelle du corps est
encore aujourd’hui présente y compris pour la chirurgie robotique.
L’homme est bien « un animal qui pense avec ses doigts »
(M. Halbwachs).

Un ordre mixte

F. Waquet met également l’accent sur la dimension composite des
outils inventoriés et sur la transformation de cette hétérogénéité
en ensembles homogènes à travers trois exemples : le livre, le
cahier de laboratoire et le poster.

La réticence à intégrer les images dans le texte est partagée
par Boyle, Linné, Bichat ou plus récemment Pierre Jourdan. Ils y
voient une facilité qui témoigne d’une « dévaluation
cognitive » de leurs ouvrages. La question de la mise en place
d’une « solidarité » entre le texte et image est
importante pour qui s’intéresse à la matérialité de l’ordre du
savoir qui fait d’abord figure d’obstacle à la circulation entre
texte et image. L’histoire éditoriale de l’Opticks de
Newton, de l’Encyclopédie ou plus récemment du Précis de
manuel opératoire
de Faraboeuf illustrent ce point. C’est la
construction, à même la matérialité du livre d’une bimodalité
épistémique, qui est en jeu. L’approche codicologique du cahier de
laboratoire révèle à son tour cet ordre composite. À travers le
Diary de Faraday, les cahiers de laboratoire de Pierre Potier, ou,
plus près de nous, de l’Open Notebook Science, c’est la mixité des
ressources et la diversité des codes qui frappent. La grammaire
visuelle du poster témoigne également de cet équilibre à trouver,
via le format, entre textes et images dans la composition afin de
susciter l’échange. Le poster est, à cet égard, une écriture
exposée (Armando Petrucci).

Le mélange des genres qui rend caduque l’assignation d’une
technique à un organe, un outil ou une discipline est également à
l’œuvre dans les combinaisons d’intersensorialité, à la fois dans
la production et dans la transmission des connaissances (chap. 5).
Avec les théâtres d’anatomie du XVIIe et les laboratoires de
physique au XVIIIe s’explicite le binôme qui deviendra très présent
dans l’enseignement universitaire au XIXe du parler et du montrer.
Cette dimension est également à l’œuvre dans la « grammaire
interactionnelle » (P. Byers) des small conferences
(M. Mead). Le terrain de l’anthropologue, du géographe ou du
sociologue mais aussi les pratiques médicales (auscultation,
palpation, percussion etc.) sont des lieux d’exercice et de
découverte de cette multisensorialité, de ces mains oculaires pour
reprendre la belle expression de Riolan, dont la puissance sera
augmentée par le miscroscope, le télescope et tous les
« organes artificiels », y compris la plaque
photographique (utilisée par l’astronome Hervé-Auguste Faye pour
objectiver l’observation ou le docteur Ozanam) et le cinéma. Cette
augmentation du regard se retrouve aujourd’hui dans les yeux
manuels de la chirurgie robotique du professeur Hubert.

Un ordre raisonné

Françoise Waquet montre que l’urgence et la surcharge du travail
scientifique souvent éprouvées comme une « accélération de
l’histoire », ont précisément une histoire, longue, dont on
trouve la mention, déjà chez Leibniz (« l’horrible masse des
livres qui va toujours s’augmentant ») ou Bayle. Elle est
signalée dans la Cyclopaedia de Chambers puis dans
l’Encyclopédie. Lucien Febvre parlait, quant à lui, d’un
« flux incessant, une marée qui d’heure en heure
s’amplifie ». L’essor des périodiques puis de la littérature
grise témoigne de cette explosion de l’information. L’urgence se
révèle déjà, quant à elle, dans l’absence de style des
correspondances savantes, signe du rythme effréné auquel elles sont
rédigées du XVIe au XVIIIe siècle (les correspondances de Vossius
ou Malpighi l’attestent). Il est enfin frappant de lire que le
sentiment de péremption ou de rapide obsolescence des textes que
nous éprouvons aujourd’hui était présent à la toute fin du XVIe
sous la plume par exemple du libraire Andrew Maunsell. Est-ce à
dire que le « just-in-time knowledge » que nous
connaissons de nos jours, est une vieille antienne ? On ne
peut pas l’exclure.

Les nouveaux outils mis à la disposition des chercheurs par les
technologies les plus récentes répondent à un double
objectif : rapidité et simplicité telles qu’on peut les
retrouver dans les carnets de recherche (de Naudé à hypothèses.org)
ou dans les graphiques qui valent « 700 mots » pour
Tufte. E. Halley soulignait déjà cette économie de l’image. Dans la
même veine, l’aspiration à une langue artificielle universelle qui
donnerait des « habits transparents » au savoir occupa
les savants soucieux d’élaborer et d’utiliser une langue
« objective », « scientifique », « la
quintessence d’une écriture ‘blanche’, dégraissée de tout effet de
style, au nom d’un idéal de transparence et d’objectivité »
(G. Cholley).

Si l’auteur ouvre, avec ce livre, un programme de recherche
extrêmement stimulant : celui d’une histoire matérielle du
savoir et des idées, en y incluant, à côté des pratiques et des
techniques, les ressources de l’outil-corps, elle n’occulte pas la
dimension sensible et subjective que cela induit ni la tension avec
le principe scientifique de l’objectivité que cela introduit
inévitablement.

Son analyse des modes mixtes cherche, en définitive, à
reconstituer le foisonnement des pratiques, invisible sous le texte
qui « gèle » (Michelet) les idées. Pour faire mesurer
cette multimodalité du savoir, sa dimension fondamentalement
hybride, et pour cette raison même, inventive, F. Waquet a choisi
de présenter les mêmes outils sous des régimes différents (ordre
pluriel, mixte et raisonné).

À l’évidence, cet ouvrage est moins une contre-histoire
intellectuelle du savoir qu’un manifeste convaincant pour la prise
en compte de la dimension fondamentalement composite et
multisensorielle du savoir. Les pratiques et les gestes qui
permettent de comprendre les processus de production et de
diffusion des savoirs sont réinvestis dans leur dimension
épistémique. L’inventaire des dispositifs matériels de l’activité
scientifique, puis leur analyse ouvrent à une autre histoire des
savoirs.

Une question demeure : quelle permanence s’agit-il de
traquer sous la diversité ? Qu’y a-t-il de commun, à ces
différentes époques, entre ces savoirs différents ? À coup
sûr, la nécessité de prendre en charge les différents visages de la
matérialité (pratiques, gestes, opérations) dans toute histoire du
savoir.

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Avec son projet Texts From Your Existentialist, l’artiste l’américaine April Eileen Henry[1] s’amuse à compléter des photos, des dessins ou des peintures de toutes les époques avec des pensées philosophiques issues du courant de l’Existentialisme, qu’elle insère dans les images sous la forme de textos. Et si les philosophes modernes vous envoyaient des sms ?

Petit rappel : L’existentialisme est un courant philosophique qui postule que l’être humain forme l’essence de sa vie par ses propres actions, celles-ci n’étant pas prédéterminées par des doctrines théologiques, philosophiques ou morales. L’existentialisme considère chaque personne comme un être unique maître de ses actes, de son destin et des valeurs qu’il décide d’adopter. (Wikipedia[2])

Images © April Eileen Henry[3]

References

  1. ^ April Eileen Henry (www.textsfromyourexistentialist.com)
  2. ^ Wikipedia (fr.wikipedia.org)
  3. ^ April Eileen Henry (www.textsfromyourexistentialist.com)

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The man who digitizes newspapers  OCT 13 2015 For more than a decade, retired engineer Tom Tryniski has been digitizing old newspapers from microfilm and making their full text available and searchable online.Tryniski’s site, which he created in his living room in upstate New York, has grown into one of the largest historic newspaper databases in the world, with 22 million newspaper pages.By contrast, the Library of Congress’ historic newspaper site, Chronicling America, has 5 million newspaper pages on its site while costing taxpayers about $3 per page.In January, visitors to Fultonhistory.com accessed just over 6 million pages while Chronicling America pulled fewer than 3 million views.(via @ftrain)

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This is not a libertarian moment. Still, I think that
libertarians have a lot to contribute to the public debate. What we
should do is remind others that (a) the political process almost
never adopts an ideal policy or executes a policy well and (b)
policies that seem good today can have unintended consequences
tomorrow.

Those are from Arnold
Kling
.  In the meantime, Arnold asks you: where would you put
your chips?
[1][2]

References

  1. ^
    from Arnold Kling
    (www.arnoldkling.com)
  2. ^
    where would you put your chips?
    (www.arnoldkling.com)

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Yesterday, Thomas Schelling gave a seminar on climate change
here at the Center for Study of Public Choice. Schelling’s
main argument was that lots of resources are going into predicting
and understanding climate change but very little thought or
resources are going into planning for adaptation.

If Washington, DC, Boston and Manhattan are to remain dry, for
example, we are almost certainly going to need flood control
efforts on the level of the Netherlands. It takes twenty years just
to come up with a plan and figure out how to pay for these kinds of
projects let alone to actually implement them so it’s not too early
to beginning planning for adaptation even if we don’t expect to
need these adaptations for another forty or fifty years. So far,
however, nothing is being done. Climate deniers think planning for
adaptation is a waste and many climate change proponents think
planning for adaptation is giving up.

Schelling mentioned a few bold ideas. We can protect every city
on the Mediterranean from Marseilles to Alexandria to Tel Aviv or
we could dam the Strait of Gibraltar. Damming the strait would
be the world’s largest construction project–by far–yet by letting
the Mediterranean evaporate somewhat it could also generate enough
hydro-electric power
[1]
to replace perhaps all of the fossil fuel stations in Europe and
Africa.

Schelling didn’t mention it but in the 1920s German engineer
Herman Sörgel[2]  proposed such a
project calling it Atlantropa[3] (more here[4]). In addition to power,
damming the strait would open up a huge swath of valuable land.
Gene Roddenberry and Phillip K. Dick were fans but needless to say
the idea never got very far. A cost-benefit analysis, however,
might show that despite the difficulty, damming the strait would be
cheaper than trying to save Mediterranean cities one by one. But,
as Schelling argued, no one is thinking seriously about these
issues.

I argued that capital depreciates so even many of our
buildings, the longest-lived capital, will need to be replaced
anyway. Here, for example, is a map[5]
showing the age of every building in New York City. A large
fraction, though by no means all, are less than one hundred years
old. If we let the areas most under threat slowly deteriorate the
cost of moving inland won’t be as high as one might imagine–at
least if the water rises slowly (not guaranteed!). Schelling
agreed that this was the case for private structures but he doubted
that we would be willing to let the White House go.

If we are going to save cities, especially buildings not
yet built, should we not start taxing land today that is under
threat of future flood? Act now to mitigate future moral hazard
problems. John Nye and Robin Hanson raised this issue. See Robin’s
post
[6] for more.

It was an enjoyable seminar. At 94, Schelling remains
sharp, provocative, and in command of the facts.

References

  1. ^
    enough hydro-electric power
    (www.quora.com)
  2. ^
    Herman Sörgel (en.wikipedia.org)
  3. ^
    Atlantropa (en.wikipedia.org)
  4. ^
    here (www.cabinetmagazine.org)
  5. ^
    map (pureinformation.net)
  6. ^
    Robin’s post
    (www.overcomingbias.com)

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Disney/LucasfilmThe Death Star II explodes into smithereens.

The colossal ship orbited the forest world Endor and, after it blows up, the Rebel Alliance and its hairy Ewok friends party in the trees. Everyone and everything is hunky-dory.

Until you ask a physicist — or a dozen, as Tech Insider did — what happens when you detonate a giant metal sphere above a lush green world. The answer is downright chilling.

“The Ewoks are dead. All of them,” said one researcher and self-professed “Star Wars” fan, who wrote a white paper exclusively for Tech Insider.

Each scientist who responded to our emails quibbled over the exact details, yet a strong consensus emerged in support of a popular fan theory: The “Endor Holocaust[2]” is inevitable, and a threat to the plausibility of any future movies (galactic bankruptcy[3] be damned).

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References

  1. ^ Star Wars (www.techinsider.io)
  2. ^ Endor Holocaust (www.theforce.net)
  3. ^ galactic bankruptcy (www.techinsider.io)

 

Désormais et à sa demande, le Chef suprême de la République
populaire démocratique de Corée signera un éditorial sur la
situation dans le monde.

J’apprends que des choses terribles se déroulent dans votre
pays, la France.

J’apprends que l’on met des enfants en prison, qu’on les
interroge, qu’on les maltraite, et ce, rien que pour des mots.
Voilà qui me choque venant de ce qui se présente depuis toujours
comme le pays de la Liberté et de l’Égalité. Je tiens ici à faire
savoir mon inquiétude sur les reculs de la liberté dans votre pays.
Car, si de tels reculs sont effectifs et actés, cela posera un
grave précédent et obligera le reste du monde à revoir les concepts
de liberté d’expression. À commencer par mon pays.

Vous n’êtes pas sans savoir que notre pays, la République
populaire démocratique de Corée, est très attaché à la liberté
d’expression et la liberté de conscience et que toute violation de
celles-ci est pour nous gravissime et dramatique. Mais moi et mon
pays, nous choisissons la voie respectable de la non-ingérence dans
les affaires d’une nation. Nous nous contenterons de vous rappeler,
amicalement, que ce n’est pas bien.

Car de tout temps, chacun dans le monde s’est appuyé, à un
moment de son Histoire, sur la France et ses idéaux, ce qu’elle
représente pour donner une définition de ce qu’est vraiment la
liberté d’expression. Et aujourd’hui, vous en changez cette même
définition, sans avertissement. Vous comprenez qu’il est difficile
pour nous de nous ajuster sur notre propre définition de la liberté
d’expression si vous modifiez brutalement et arbitrairement la
vôtre.

Je tiens ainsi à témoigner aux personnes qui ont subi des
maltraitances ces dernières semaines de notre entière amitié et de
nos sentiments les plus forts. Notre consulat est prêt à prendre
vos doléances, doléances qui seront transmises aux
Nations-Unies.

 Kim Jong-un
Chef suprême de la République populaire démocratique de
Corée

Photo: PeterSnooppy/CreativeCommons

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http://www.ufunk.net/gadgets/iq-alarm-clock/

 

Ce concept de gadget imaginé par le designer Oliver Sha vous posera en effet une série de 1 à 3 questions, tout en continuant à sonner bien sûr, vous obligeant à réveiller vos méninges !Et pour éviter les tricheurs, il faudra appuyer 30 secondes sur le bouton power pour éteindre ce réveil sans répondre aux questions, et la batterie est très difficilement amovible. Le IQ Alarm Clock gagne donc son titre de réveil horriblement vicieux, aux côtés du Clocky, le réveil motorisé qui s’enfuit pour vous obliger à vous lever.

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151215_200

24 heures avant sa sortie française, le Gorafi a été en mesure
de visionner le film que tout le monde attend et vous offre en
exclusivité sa critique.

 

Disons-le tout de suite, de nombreux éléments présents dans le
film vont en perturber plus d’un. Les fans auront du mal à se
remettre de nombreuses révélations choquantes. Hélas, le film
succombe rapidement aux clichés de très nombreux films américains,
sacrifiant son unique personnage noir joué par John Boyega au bout
de 15 minutes, et laissant ensuite la part belle à des héros
masculins blancs et essentiellement catholiques (Han Solo faisant
le signe de croix à plusieurs reprises et récitant même un Notre
Père au beau milieu de la bataille finale alors qu’il envoie le
Millenium Falcon s’écraser contre l’Etoile de la Mort).

Mais JJ Abrams avait-il un moyen de s’affranchir de Disney ? On
ressent cette possibilité lors d’une très jolie scène de douche
collective entre plusieurs pilotes de la Résistance de retour d’une
mission périlleuse. La camaraderie, l’amitié virile, les regards
tendres qu’ils échangent, le lien qui unit ces hommes par-delà leur
combat. Le tout sublimé par une lumière qui met superbement en
valeur ces corps masculins humides, fermes mais tendres, et sans
tomber dans l’outrance ou le grotesque, c’est sans doute la
meilleure scène du film. On regrettera la présence de sons dans
l’espace, signe évident que les leçons et la rigueur scientifique
du film Gravity n’ont hélas pas été retenues.

Quant au fameux « Réveil de la Force », il s’agit ici surtout
des fameux midi-chloriens ( une invention de George Lucas dans la
Menace Fantôme) qu’un groupe de chercheurs tente de cloner. Mais le
clone s’échappe et rejoint la Résistance (dans un astronef qui
n’est pas sans rappeler Star Trek) : confirmation que
Luke est bien du côté obscur comme on le pensait. En outre, on
apprend qu’il est le père de la quasi totalité des personnages de
ce film. Et encore plus surprenante est cette séquence de la
bataille finale sur Terre, au milieu des dinosaures et de volcans
en éruption a un petit cachet Michael Bay que les fans sauront
apprécier à sa juste valeur. « Depuis le début, George
souhaitait que la saga arrive enfin sur Terre, c’est chose faite
»
s’est félicité JJ Abrams.

Note 4/6

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It was during my time at Bristol that John Muellbauer and I worked together on our book.The computer facilities at Bristol were terrible — the computer was a mile away, on top of a hill, so that boxes of punched cards had to be lugged up and down.I was told to get a research assistant, which was sensible advice, but I have never really figured out how to use research assistance:for me, the process of data gathering — at first with paper and pencil from books and abstracts — programming, and calculation has always been part of the creative process, and without doing it all, I am unlikely to have the flash of insight that tells me that something doesn’t fit, that not only this model doesn’t work, but that all such models cannot work.Of course, this process has become much easier over time.Not only are data and computing power constantly and easily at one’s fingertips, but it is easy to explore data graphically.The delights and possibilities can only be fully appreciated by someone who spent his or her youth with graph paper, pencils, and erasers.Given how far it was up the computer hill, I substituted theory for data for a while, and wrote papers on optimal taxation, the structure of preferences, and on quantity and price index numbers, but I never entirely gave up on applied work.The entire biographical essay is of interest (pdf).

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