Par l'intermédiaire de www.la-grange.net, qui a documenté une recherche similaire, je découvre ceci:
Créer le navire ce n’est point tisser les toiles, forger les clous, lire les astres, mais bien donner le goût de la mer qui est un, et à la lumière duquel il n’est plus rien qui soit contradictoire mais communauté dans l’amour. Citadelle, chapitre LXXV, p. 239.
Mais il y a aussi plus bas ce paragraphe, qui va dans le sens contraire de ce qui est communément exprimé:
Quand celui-là crée un navire il ne se préoccupe point des clous, des mâts ni des planches du pont, mais il enferme dans l’arsenal dix mille esclaves et quelques adjudants munis de fouets. Et s’épanouit la gloire du navire. Et je n’ai jamais vu un esclave qui se vantât d’avoir vaincu la mer. Citadelle, chapitre LXXVIII, p. 243.
Moralité, pour amener des hommes à construire un navire, il ne faudrait pas seulement des outils et du bois; il faudrait surtout des esclaves et des moyens de contrainte.
Ce n'est plus Le Petit Prince, c'est Le Prince.